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Troubles moteurs chez les TSA/TED

Le 14 mars 2017

Les particularités motrices sont fréquemment retrouvées chez les TSA, de l’enfance à l’âge adulte. Ces troubles moteurs sont intriqués aux troubles sensoriels que nous ne développerons pas ici. Soyez-Papiernik (2005) et Caucal et Brunod (2011) les répertorient. Les difficultés motrices s’expriment à différents niveaux :

  • Le niveau d’activité motrice qui peut être déviant au niveau quantitatif (enfant soit apathique, soit hyperkinétique, ou une alternance des deux) et qualitatif
  • Des troubles du tonus, avec la plupart du temps une hypotonie globale liée à un retard du déroulement du calendrier moteur. Cette hypotonie a un retentissement orthopédique (déformation des axes des membres inférieurs, attitude scoliotique, cyphose, pieds plats) et a un retentissement sur la motricité fine. Elle entraîne également une difficulté d’ajustement postural avec l’absence d’anticipation des ajustements posturaux. De plus, la présence d’hypertonie des triceps suraux expliquant une marche caractéristique sur la pointe des pieds est présente, avec notion de spasticité
  • Les postures et attitudes bizarres pouvant avoir des retentissements orthopédiques importants
  • Un retard de développement moteur avec souvent un décalage dans l’acquisition de mouvements naturels associés au retard de tonus. Au niveau de la motricité globale, on retrouve une grande difficulté d’acquisition des mouvements alternatifs ou nécessitant une dissociation des deux hémicorps, un retard dans l’acquisition de la montée et surtout la descente des escaliers, des difficultés de coordination et de synchronisation des bras ou des jambes. La motricité fine est également très souvent altérée
  • Des mouvements stéréotypés (flapping, tournoiement, balancement…) qui s’accompagnent le plus souvent d’une sensation de soulagement ou de plaisir
  • Des troubles de l’équilibre avec une augmentation du polygone de sustentation (ouverture des pieds avec rotation externe des membres inférieurs)
  • Des troubles de la coordination oculo-manuelle
  • Des troubles de la marche, avec une pauvreté des mouvements synchronisés du corps et notamment de la coordination des ceintures scapulaire et pelvienne, comme l’antépulsion du tronc et le balancement alternatif des bras.

Ainsi, la clinique a rapidement mis en avant des atypies motrices qui sont retrouvées et décrites au sein des symptômes noyaux de l’autisme avec en particulier les stéréotypies motrices, mais également parmi les symptômes associés, comme entre autres, les tics, les troubles de la latéralité, le retard d’acquisition de la marche, la marche sur la pointe des pieds, les troubles précoces du tonus et le Trouble de l’Acquisition des Coordinations ou TAC (DSM-V, 2013) qui rassemble une variété d’anomalies motrices allant du retard de développement moteur avec une baisse globale des compétences motrices, aux troubles posturaux, troubles de la locomotion, de la programmation de la motricité fine et globale, aux troubles de la coordination plus complexes. L’ensemble de ces particularités entravent significativement la course développementale des personnes concernées et donnent naissance à des situations de handicap sévères dans le quotidien et les apprentissages. Un des modèles possible dans l’évaluation des particularités motrices et des atteintes motrices des personnes avec TSA est de situer les atteintes sur un continuum entre motricité de bas niveau et de haut niveau (Figure 2.).

En bas, la motricité de bas niveau, symbolisée par la station debout et la marche, concerne les mouvements considérés comme les plus reflexes et automatiques. C’est celle qui nécessiterait le moins de ressources cognitives et attentionnelles, basée principalement sur le système sensoriel, le système moteur et l’intégration sensori-motrice. En haut, la motricité de haut niveau symbolisée ici par le pointage et la coordination complexe. Elle concerne les gestes, donc les mouvements volontaires orientés vers un but, et est très cognitivo-requérente, notamment en terme de planification, de programmation et de contrôle de l’éxécution. Il n’existe pas de consensus sur le mécanisme des dysfonctionnements dans le TAC (Peters et al., 2013). L’European Academy for Childhood Disability (EACD) (Blank et al., 2012) décrit trois domaines d’atteinte dans le TAC : la motricité fine, la motricité globale et le graphisme. Les troubles de la motricité de bas niveau sont principalement impliqués dans les troubles de la coordination motrice globale. Ils concernent les troubles de la posture et du tonus, ainsi que les troubles de la locomotion.

Au cours du développement typique, l’acquisition du contrôle postural pendant la station debout consiste à limiter le chancellement, c’est-à-dire les mouvements du centre de gravité (mesurés grâce à l’enregistrement du déplacement du COP, Center Of Pressure). Les trois principaux systèmes régulateurs de ce contrôle sont le système somato-sensoriel, le système visuel et le système vestibulaire. Au niveau développemental, on retrouve une baisse du chancellement avec l’âge et l’acquisition des stratégies adultes de contrôle de la posture est autour de 14 ans (Nolan et al., 2005). L’acquisition de la stabilité serait pas contre plus précoce chez les filles, mais cette différence entre les sexes semblerait diparaître après l’âge de 10 ans (Chiari et al., 2000). La locomotion consiste elle à quitter un état stable (double appui) pour un état instable (lever du pied). Plusieurs types de mouvements entrent en jeu : le contrôle de l’équilibre (proprioception, vestibule et vision) et la synchronisation rythmique de l’ensemble des mouvements. Ici encore, plusieurs paramètres sont intégrés dans l’étude de la marche : l’exécution du mouvement (étudiée avec les paramètres cinématiques de la marche) mais aussi la planification du mouvement dirigé vers un but (étude de la trajectoire). Pour la marche, comme pour la mastication, Wilson et al. (2013) parlent de « mouvement automatique », dans le sens où la demande attentionnelle et cognitive est faible pour les sujets sains. Les mouvements seraient stéréotypés, innés et caractéristiques de l’espèce. La demande cognitive pour effectuer une tâche de marche simple augmente avec l’âge, et dans le cas de pathologies de la motricité comme par exemple le TAC.